Vaincre l’addiction ou la dépendance à un produit
La Réunion est un territoire marqué par un fort taux de personnes alcoolo-dépendantes. La dépendance à un produit, qu’il s’agisse de l’alcool ou de toutes autres substances (drogues, tabac etc), est considérée comme une véritable maladie chronique qu’il convient de prendre très au sérieux.
Si le mot alcool vient de l’arable al khôl qui signifie « subtil », le mot addiction a une étymologie latine, addictere qui signifie « contrainte par corps » et qui exprime une appartenance en terme d’esclavage et se définit comme la dépendance d’une personne à la substance alcoolique ou autre substance, dont cette dernière ne peut plus se passer en dépit de sa propre volonté. Elle serait liée à une libération d’endorphines dans la circulation sanguine en rapport avec le plaisir procuré ; c’est d’ailleurs ce qui la différencie du comportement obsessionnel compulsif. La perte de l’homéostasie (équilibre interne) et de contrôle de soi serait au cœur des addictions et expliquerait la chronicité de la maladie.
L’addiction est considérée comme une maladie chronique que l’Association Psychiatrique Américaine (APA) définit comme un trouble de l’usage ou mésusage d’alcool.
Cette définition parue en 2013 dans le DSM-5 (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) a remplacé l’ancien « trouble lié à l’utilisation d’une substance ». Pour l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères. Elles constitueraient une réponse inadaptée pour réduire un état de souffrance. L’émergence d’une conduite addictive se situe à l’interaction de trois facteurs* : l’individu, son environnement socio-culturel et l’objet de la dépendance (substance psycho-active). Dans un premier temps, la consommation est centrée sur la recherche de sensations ; elle est vécue comme une lune de miel puis la personne dépendante constate une diminution progressive des effets positifs recherchés. Ce cheminement est décrit comme étant celui du désir – plaisir – manque.
Deux types de dépendance
La dépendance à l’alcool ou « alcoolo-dépendance » est définie par une nécessité de boire qui peut cohabiter avec l’envie d’arrêter ou de reprendre le contrôle de sa consommation. Il est admis qu’il existerait deux types de dépendance.
- La dépendance physique, d’une part, caractérisée par l’apparition de troubles physiques intenses en cas d’arrêt de l’alcool et entraînant le syndrome de sevrage. C’est un état d’adaptation tel qu’apparaissent des troubles physiques lorsque la consommation d’éthanol est suspendue.
- La dépendance psychique, d’autre part, qui à l’inverse concerne tous les malades alcoolo-dépendants et consiste en une pulsion ou première impulsion**, à absorber régulièrement un produit pour provoquer le plaisir ou éviter le malaise. Ses causes et mécanismes connus sont biologiques (anomalies génétiques et neurochimiques), psychologiques (variables selon les écoles) et sociales. D’un point de vue pragmatique, on distingue alcoolo-dépendance psychique primaire, de loin la plus fréquente, abordée ici, et l’alcoolo-dépendance psychique secondaire, assez rare (environ 10% des alcoolo-dépendants).
Cette dichotomie apparaît trop artificielle pour certains chercheurs** car ces dépendances seraient en réalité étroitement associées dans un phénomène plus global qu’ils nomment : la conduite de dépendance. Pour autant, la dépendance ne s’évaluerait pas seulement sur la base de la quantité, de la durée ou de la fréquence de consommation, mais bien plus sur le rapport intime que le malade entretient avec l’alcool.
Quoi qu’il en soit, la Réunion offre de nombreuses possibilités de prises en charge, hospitalières et/ou associatives, pour les personnes alcoolo-dépendantes. Vous trouverez des informations et les contacts de ces organismes sur les sites :
. Www.peidd.fr. (Annuaire de l’Addictologie à la Réunion)
. Www.annuaire.action-sociale.org (CSAPA : centres de soins, d’accompagnement et de prévention en Addictologie)
* Rosaire (2006)
** Gaignard et Kiritze-Topor (1995)
Fabienne Louvet
Psychologue clinicienne
0692 772 465