Tonga Soa à Tamatave
Officiellement la ville s’appelle TOAMASINA mais le « Tamatave » de l’époque coloniale reste pratiqué dans tout le pays et par tous pour identifier la seconde ville de l’île Rouge et le principal port malgache.
C’est sur la côte Est, la région la plus humide, que s’étend la Communauté Urbaine qui regroupe plus de 300.000 habitants de Tamatave sur les 25,60 millions que compte Madagascar. C’est une ville atypique qui s’allonge sur le bord de l’océan Indien avec une immense plage de plusieurs dizaines de kilomètres d’un sable blond fin et doux sous les pieds. Les cocotiers offrent un peu d’ombre et les alizés évitent de trop griller sous le soleil ardent de la fin de journée qui rassemble jeunes et moins jeunes sur le « bord de mer » pour apprécier une THB (la célèbre bière locale) ou un rhum gingembre dans une ambiance musicale souvent… assourdissante.
Ville de contrastes avec son port et le ballet incessant de tous types de navires et de cargos y compris les paquebots de touristes en recherche d’exotisme ; avec ses marchés dont l’incontournable « Bazar Be » et ses pyramides de fruits et de légumes mais surtout ses échoppes d’artisanat d’art et de pierres précieuses ; sa vie nocturne et les nombreuses discothèques et bars qui assurent l’ambiance jusqu’à l’aube tous les soirs…
C’est à la fois la tristesse de la pauvreté d’un pays qui lutte pour son développement et les excès de certains qui ont réussi dans les affaires parfois de façon « border line »… mais les visages sont souriants, les regards sont francs et amicaux, le peuple Malagasy est courageux et volontaire et les difficultés de la vie sont toujours abordées avec fatalité et optimisme.
La ville est souvent à la fête et le front de mer – en forme de baie – offre une atmosphère joyeuse et colorée en particulier le dimanche ou le « tout Tamatave » se retrouve pour balader, discuter, boire un verre, draguer et profiter du soleil et de la mer. Malheureusement la baignade est déconseillée car le courant est fort et il n’y a pas de lagon.
Pour vraiment profiter de la mer il faut faire quelques kilomètres vers le nord en direction de Foulpointe qui reste LA station balnéaire de la côte Est. Une plage infinie, un lagon peu profond à l’eau émeraude et chaude. Une foule de petits marchands qui, à peine sortis de votre voiture, viendra vous proposer qui un massage, qui un maquillage, qui un collier de coquillages, un rhum arrangé ou un transat et un parasol pour vous permettre de profiter du beau temps et de la mer en toute tranquillité. On vous apportera sur place du poulpe grillé ou du poisson fraîchement pêché ou quelques brochettes de zébu accompagné d’un « achard » de papaye ou de mangue verte, sous oublier la THB ou la Gold Blanche bien glacée.
Des promenades en pirogue traditionnelle vous seront proposées pour découvrir les fonds du lagon et la « piscine » avec son mérou au milieu des coraux et des poissons tropicaux, dépaysement assuré, vous nagerez dans un aquarium et on vous prêtera même le masque et le tuba.
La côte Est luxuriante est vraiment tropicale, les pluies y sont parfois abondantes et imprévisibles mais elles donnent l’occasion de découvrir un peu de la forêt primitive, de sa faune et de sa flore. A ce titre le parc zoologique d’Ivolina propose un parcours pédagogique très instructif et permet de voir de près les Lémuriens et autres Makis qui font la réputation de Madagascar. Pour aller plus vers l’intérieur et sortir de la route goudronnée n’hésitez pas à louer un robuste 4×4 avec un chauffeur-guide pour aller en brousse et découvrir les villages et leurs habitants, leur mode de vie traditionnel et les « cases » en bois et feuilles de Ravenala (Arbre du voyageur) qui protègent de la pluie et de l’ardeur du soleil. En brousse l’accueil est toujours chaleureux et amical et n’hésitez pas à découvrir les fruits qui vous seront proposés pour quelques ariary (la monnaie officielle) et avec votre guide il faut tenter l’expérience d’un repas préparé au feu de bois et, en particulier, l’inimitable Romazava au poulet, au zébu, au poisson ou aux crevettes…
Si vous êtes plus baroudeur, l’offre de location de motos ou de quad est aussi possible pour sortir des itinéraires classiques.
La cuisine malagasy n’est généralement pas pimentée mais plutôt épicée dans le sens ou elle est riche en saveur et en parfum. Le piment – redoutable – est servi à part et à consommer avec modération… sauf risque d’incendie intérieur particulièrement surprenant.
Au sujet de la gastronomie, Tamatave offre une multitude de tables et de « gargottes » plus ou moins raffinées pour gouter à l’incroyable talent des cuisiniers locaux. De la « soupe de Tamatave » au Ravitoto en passant par la cuisine chinoise, comorienne ou indienne et, évidemment, française, vous trouverez de quoi vous satisfaire et vous régaler de fruits de mer, de zébu, de mouton et de toute la gamme des volailles dont l’oie qui reste le plat des grandes fêtes.
Quant au vin… il est à découvrir mais c’est une spécialité des régions centrales de l’île encore loin de concurrencer les grands crus français par contre vous trouverez sans aucune difficulté les meilleurs vins sud-africain qui méritent la dégustation !
Et le logement ? Rassurez-vous Tamatave avec son aéroport international qui relie la capitale et l’île de La Réunion (vol direct) propose toute la gamme d’hébergements souhaitables avec également des solutions AirBnB et des guests houses.
En sillonnant les rues en Tuk-Tuk ou en vélo-pousse vous serez surpris de découvrir les vestiges du passé colonial de Tamatave souvent transformés en bâtiments administratifs qui mériteraient un bon ravalement… et de nouveaux immeubles ultra-modernes qui notent l’importance économique de la ville grâce à son activité portuaire et à certaines entreprises comme Ambatovy qui exploite le minerai de nickel, une des nombreuses richesses du sous-sol de l’île.
Tamatave est aussi le point de ralliement de tous les collecteurs de vanille, de cannelle et, surtout, de girofle. Il n’est pas rare de traverser des quartiers parfumés par l’odeur de la girofle qui sèche dans les cours et participe à donner à la ville cette atmosphère particulière un peu troublante et si envoutante. Et quand la brise de mer se mêle aux senteurs d’Ylang-Ylang, de girofle, d’Héliotrope et de d’huile de coco vous perdez vos repères et vous tombez sous le charme, en vous laissant bercer par le soleil couchant et le déferlement des vagues sur la plage.
Tonga Soa (Bienvenue) à Tamatave.
Photos : Pierre Marchal