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La mémoire, on en parle ?

Avec l’âge, les pertes de mémoire peuvent se multiplier. Petits oublis sans gravité ou signes annonciateurs d’une maladie ? Comment les ralentir ? Le Dr Eychène, responsable du service gériatrie du CHU Sud Réunion répond à ces questions.

Cécile Jeancolas pour Grenadine : Quels sont les principaux troubles de la mémoire que l’on peut rencontrer chez les personnes âgées ?

Dr Eychène : « La plupart des seniors se souviennent des événements qui se sont déroulés il y a longtemps : c’est la mémoire à long terme. Celle-ci est rarement touchée. Les troubles de la mémoire à court terme correspondent souvent à une maladie d’Alzheimer. Dans ce cas on ‘n’imprime plus sur le disque dur’, donc on ne retrouve plus ce qu’il s’est passé dans les minutes précédentes. Un Accident Vasculaire Cérébral (AVC), qui détruit petit à petit le cerveau, peut aussi altérer la mémoire.
C’est toute la différence avec quelqu’un qui n’est pas malade et perd ses clés car il a mal dormi, trop bu la veille, pris des médicaments, est anxieux, en deuil, etc. Dans ce cas, la mémoire peut être un peu estompée, on n’arrive plus à retrouver ce qu’on a fait mais les choses sont ‘imprimées’ et finissent par revenir. Un trouble de la mémoire peut tout à fait être symptomatique d’un trouble autre qu’une maladie de la mémoire. »

A partir de quand doit-on s’inquiéter ?

« Ce n’est pas simple car tout le monde n’évolue pas de la même manière. Classiquement, les patients qui ont un haut niveau socio-culturel peuvent compenser et donner le change pendant longtemps. A l’inverse, les troubles se remarqueront plus vite chez quelqu’un qui a un plus bas niveau socio-culturel, qui a moins fait travailler son cerveau.

Les troubles de la mémoire deviennent inquiétants lorsque de nouvelles choses ne s’impriment plus. Il devient alors impératif de vérifier avec son médecin traitant s’il n’y a pas de signes évocateurs d’une vraie maladie de la mémoire. Il pourra écarter les causes liées à des événements aigus qui peuvent entraîner des troubles transitoires (anxiété, deuil, fatigue, surmenage, etc.) et réaliser quelques tests rapides pour déceler un possible déclin cognitif. S’il a le moindre doute, il doit envoyer son patient vers un spécialiste. En effet, un trouble de la mémoire peut ne pas être grave mais il ne faut pas le prendre à la légère en se disant que la personne ‘se souvient très bien de ce qui est arrivé dans le passé’, que ‘c’est lié à l’âge’, ou que ‘ça ne se soigne pas’. Les troubles de la mémoire ne sont pas une fatalité.

À La Réunion, on peut se rendre en gériatrie ou dans l’une des 4 quatre consultations mémoire proposées dans les CHU, et qui regroupent gériatres, psychiatres, neuropsychologues et neurologues. D’autres test et bilans pourront compléter le diagnostic. »

Quelles prises en charge sont disponibles ?

« La principale est d’entraîner tout ce qui marche encore ! Les troubles de la mémoire ne sont pas forcément évolutifs et elle ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ! Des entraînements cognitifs (jeux de mémoire, etc.) peuvent être réalisés par des orthophonistes, des neuropsychologues, dans des accueils de jour au sein d’EHPAD ou dans des hôpitaux de jour thérapeutiques.

Il existe aussi des traitements médicamenteux (non remboursés) qui peuvent être bien tolérés et efficaces. C’est aux patients et aux familles de décider. Il ne faut pas oublier que la maladie d’Alzheimer ne tue pas les patients mais fait énormément souffrir les aidants.

Enfin, il faut apprendre aux aidants à ‘bien se comporter’ : ils doivent pouvoir comprendre la maladie, être patients et compréhensifs avec leur proche malade et savoir le/la distraire plutôt que le/la contredire (par exemple « j’ai bien compris que tu veux faire ceci mais en attendant on va plutôt faire cela »). Il existe pour cela des aides aux aidants, via France Alzheimer Réunion, le Conseil départemental, etc. »

Peut-on stimuler soi-même sa mémoire ?

Oui ! 3 conseils pour cela :

  • l’entraînement cognitif via des mots croisés ou fléchés, de la lecture, etc.,
  • aller se promener, marcher tous les jours pour stimuler son cerveau,
  • bien dormir, car un sommeil réparateur ‘nettoie’ le cerveau toutes les nuits.

En revanche les compléments alimentaires, tisanes, etc. ne sont pas particulièrement indiqués, sauf s’ils sont prescrits à la suite de la détection d’une carence par un professionnel de santé. Dans tous les cas il faut se méfier des automédications.

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