Sign in / Join

Fémida Akbaraly : « J’ai maquillé JJ Goldman ! »

Qui n’a pas rêvé un jour d’approcher des stars, de courir les plateaux télés ou les défilés de mode ? C’est ce que vit Femida Akbaraly, maquilleuse magicienne qui, de son pinceau, sème le bien-être et révèle toutes les beautés…

Grenadine : Femida, pourquoi le maquillage ?

Femida : Originaire de Madagascar, j’ai longtemps vécu à Paris où j’ai entamé des études de droit pour très vite m’apercevoir que je ne m’y épanouissais pas. J’étais attirée par le monde de l’esthétisme, l’envie profonde de rendre l’autre bien dans sa peau en révélant ses beautés cachées, lui donner confiance.

Quel est donc votre parcours ?

J’ai tout simplement passé un concours d’entrée en 1982, dans une école d’esthétisme, un des premiers établissements privés à proposer des formations dédiées aux métiers du stylisme et des filières de la beauté. Je réalisais un rêve, semer le bien être, donner confiance en soi d’un coup de pinceau magique. Le diplôme obtenu j’ai assuré quelques remplacements dans des salons d’esthétisme pour exercer mon apprentissage et me projeter concrètement dans cette belle démarche.

Je suis experte en effets spéciaux

Comment devient-on la professionnelle reconnue que vous êtes aujourd’hui ?

Après quelques interims, j’ai voulu très rapidement me spécialiser. Je voulais accéder au monde si particulier de la scène et du spectacle, toucher de plus près la féérie des plateaux télé et des planches de théâtre. Alors j’ai très vite intégré l’école de Christian Chauveau, une formation de renom dédiées aux techniques du maquillage artistique. Je m’y suis même perfectionnée quelques années plus tard dans les effets spéciaux. C’est là que j’ai découvert la marque de cosmétique référente auprès des professionnels de la Beauté : Make-Up For Ever. Mon professeur a très vite cerné mon enthousiasme, mon savoir-faire et surtout cette passion qui m’animait. L’idée lui est venue alors de me présenter à la fondatrice du groupe de cosmétique, Dany Sanz, pour me proposer en ambassadrice de la firme sur l’île de La Réunion.

Comment avez-vous vécu votre arrivée sur l’île de La Réunion ?

Je suis arrivée sur l’île en 1987, mariée et mère de notre aîné. Assez rapidement, j’y ai ouvert rue Monthyon la première enseigne Make For Ever, l’institut exclusivement dédié aux professionnels de l’esthetisme sur le territoire. J’organisais et j’accompagnais des sessions de formation assurant le lien entre la maison-mère et tous les acteurs beauté de l’île. En parallèle j’intervenais sur le salon du mariage, les défilés. Je travaillais également avec RFO (Radio France Outre-Mer), des photographes locaux et Antenne Réunion. Evoluer en studio était et reste magique, il y règne une ambiance qui donne ce sentiment très fort d’appartenir à une famille. Voir arriver un chanteur, une actrice, un personnage politique et vivre cette proximité exceptionnelle, rentrer dans leur intimité sans les connaître tout en restant très professionnelle requièrent beaucoup de virtuosité, il faut être efficace, discret, comprendre et savoir deviner la personnalité cachée derrière l’image publique pour ne pas la gommer, en révéler un peu sans trop en livrer.

Camoufler l’allergie de peau d’un ministre relève d’un challenge

Quelles sont vos expériences les plus surprenantes ?

Chaque intervention est unique, c’est une nouvelle rencontre. Je me rappelle la discrétion de Jean-Jacques Goldman, la douceur et la profonde confiance de Nathalie Baye avec son « Faites ce que vous voulez ! », la simplicité de Michel Boujenah dont j’étais une fan inconditionnelle, un moment très impressionnant au St Alexis. Je me souviens très bien aussi de ce ministre des transports arrivé de Mayotte avec une allergie très forte au visage qui en repartant m’a gratifiée d’un « Beau travail mademoiselle ! ». Souvent, je ne reconnaissais même pas la célébrité que je maquillais, ce fut le cas du footballeur Frantz Backenbauer (rires), ma famille et mes amis m’ont régulièrement reproché d’ailleurs de ne pas avoir profité de ces moments privilégiés pour réclamer un autographe ou une photo. C’est un métier qui peut susciter l’envie des journalistes et des photographes aussi car nous disposons de passe-droits. Alors qu’ils patientent devant la préfecture, j’entre en priorité avec ma mallette d’accessoires à maquiller, c’est plutôt incroyable à vivre. J’aime relever tous ces défis : créer l’illusion du relief avec le body painting, reconstituer un crâne de chauve pour les besoins d’un tournage, préparer les candidates à l’élection de miss Réunion en veillant à ce qu’elles aient toutes le même maquillage pour ne pas en avantager certaines par rapport à d’autres …toutes ces responsabilités sont à la fois stressantes et enthousiasmantes. J’ajoute que je suis très perfectionniste. J’ai toujours à cœur de réussir et de faire mieux. Rien pour moi ne doit être impossible.

Aujourd’hui vous adressez aussi les non-professionnels ?

Effectivement, j’ai amorcé ce virage en 1999 au rachat de la marque Make Up For Ever par le groupe LVMH, j’ai dû alors investir dans ce nouvel institut rue Juliette Dodu pour toucher l’ensemble du public.

J’ai rendez-vous avec les Miss

Et demain Femida ?

Depuis 2 ans, je réfléchis à cesser mon activité sans vraiment réussir à franchir le pas tant je suis habitée par cette passion. Chaque expérience vécue est un tel enchantement que je ne parviens plus à vivre sans. J’oublie tout quand je suis à l’œuvre. Une seule activité pourrait peut-être m’aider doucement à prendre du recul : la peinture ! Voyez qu’il s’agit toujours d’une histoire de pinceau. J’aime l’art, les expositions, particulièrement Klimt, ses œuvres me fascinent, « l’Arbre de Vie » tout spécialement…un jour peut-être, je composerai mes propres toiles pour y projeter toutes les beautés du monde… exprimer toutes mes sensibilités… un jour peut-être… pour l’instant, j’ai rendez-vous avec les Miss !

Interview : Nadine GRACY
Photo : Pierre MARCHAL

Laisser un commentaire