Endo ? Sexo !
Si on en entend parler de plus en plus, l’endométriose et ses conséquences restent encore trop peu connues. Notamment ses conséquences sur la vie de couple. Aujourd’hui, Marie-Claire Roussignol Pellegrin, sexothérapeute et hypnothérapeute, nous donne quelques tuyaux pour mieux vivre sa sexualité avec une endo.
Kossassa l’endométriose ?
C’est une maladie chronique qui touche une femme sur 10 et peut provoquer douleurs et infertilité. « [Elle] se définit comme la présence en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à l’endomètre qui subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l’influence des modifications hormonales.* »
Concrètement, lorsqu’une femme atteinte d’endométriose a ses règles, ses lésions d’endométriose « saignent » à différents endroits du corps, provoquant ou non des douleurs…
Source : https://www.endofrance.org/wp-content/uploads/2020/07/Flyers-25-ans-et-plus-def.pdf
Le parcours de la combattante
7 ans. C’est le délai moyen de diagnostic de la maladie ! Et pour cause, on explique souvent aux jeunes filles qu’il est normal d’avoir mal durant ses règles… Pourtant, sur 10 femmes qui se plaignent de douleurs pelviennes chroniques, 4 sont atteintes d’endométriose (données Inserm) ! Ça vaut quand même le coup d’en parler à un gynéco spécialiste, non ?
Suite au diagnostic, un traitement hormonal et/ou chirurgical pourra être envisagé. Et pourquoi pas la mise en œuvre de thérapeutiques non-médicamenteuses (comme l’acupuncture, la sophrologie, l’ostéopathie, l’auto-hypnose…), d’une activité physique adaptée, d’une alimentation anti-inflammatoire, etc.
Et la qualité de vie dans tout ça ?
La maladie entraîne des perturbations dans la vie quotidienne, et peut même être très invalidante, explique M.-C Roussignol Pellgrin. Il n’existe pas une, mais des endométrioses, avec des conséquences liées au ressenti corporel de chaque femme.
Selon l’ampleur de la maladie, les douleurs peuvent être ponctuelles et supportables ou empêcher une vie ordinaire.
Et la douleur incessante est usante, épuisante. Il en ressort une sensibilité à fleur de peau.
Pendant longtemps, la maladie n’a pas été prise en considération par le monde médical, et les douleurs menstruelles banalisées. « Ne pas pouvoir mettre de mots sur ces douleurs, ne pas avoir d’explication, ne pas se sentir écoutée fait que certaines femmes se sentent seules, rejetées, se renferment et culpabilisent. »
Des conséquences sur le couple et la sexualité
La maladie peut même devenir une source d’incompréhension donc de conflit dans le couple.
En effet, les douleurs sexuelles liées à l’endométriose sont très variables, allant d’une simple gêne jusqu’au blocage complet empêchant la pénétration. « Or, dans notre société occidentale où la finalité du rapport passe par la pénétration, cette impossibilité peut engendrer frustration, colère, etc. », poursuit notre sexothérapeute.
L’appréhension même de cette douleur peut engendrer une distanciation avec son.sa partenaire, et le cercle vicieux s’installe : « on se coupe de son désir car on est soit dans la douleur, soit dans son anticipation. Les traitements hormonaux peuvent aussi entraîner une baisse de désir et une sécheresse vaginale qui peut amplifier les douleurs, donc leur appréhension, etc. Et comme la libido marche aussi avec la tête, tout peut s’enchaîner et placer la personne dans une situation de mal-être. »
Et des solutions pour s’aider
Communiquer. « C’est primordial et indispensable dans cette situation particulière. Il faut pouvoir parler avec son.sa partenaire pour se sentir reconnue, affirme Mme Roussignol Pellegrin. Et pour trouver des solutions ensemble : le.la conjoint.e ne sait pas ce que la femme vit, il faut donc lui expliquer ce qui déclenche les douleurs, où, quand, comment, quelles sont les positions qui font le moins mal, afin de pouvoir mettre en valeur ce qui donne le plus de plaisir. Pourquoi ne pas instaurer un signal ou un code pour avertir que ça ne va pas, qu’on atteint ses limites ? Le.la partenaire ne peut s’adapter que si on lui dit où on en est, ce qu’on ressent. »
Se créer une autre image de la sexualité. « Relativiser cette croyance qui positionne la pénétration comme indispensable pour trouver sa façon de faire l’amour autrement. Car ce qui est important, c’est d’être bien ensemble, de prendre du plaisir, de partager un bon moment. Cela passe par exemple par l’utilisation de lubrifiant, la masturbation, le sexe oral, l’exploration d’autres zones érogènes, etc. On peut aussi essayer le « slow sex » ou le « tantrisme » : du sexe en pleine conscience, à l’écoute de ses sensations et de celles de son.sa partenaire, où l’on prend son temps, on privilégie les massages, les caresses, les jeux érotiques, où on est à l’écoute, dans la bienveillance. Et si le désir est présent, que le plaisir se met en route, cela peut parfois même lever les appréhensions et permettre la pénétration, dans une symbiose à deux, au bon moment, dans la bonne position. »
Se faire accompagner. Au-delà de l’accompagnement médical, « l’objectif est d’avoir un espace de parole et d’être prise en compte dans ce que l’on est, ce que l’on ressent. Tout ce qui apporte reconnaissance et écoute est enveloppant, rassurant. » On pourra consulter psychothérapeute ou sexothérapeute, y compris en couple, intégrer un groupe de parole. « On peut aussi faire des séances d’hypnose ou d’auto-hypnose. Cet outil complémentaire, que je propose au cabinet, apporte des techniques de relaxation, apprend à se mettre dans une bulle de douceur, à créer le moment pour amplifier son désir et créer son plaisir. L’Hypnose permet aussi la gestion la douleur.
Texte : Cécile JEANCOLAS
Photos : DR
Pour en savoir plus
Association réunionnaise MEMS : http://www.mon-endo-ma-souffrance.fr/, page et groupe de parole privé sur FB
www.endofrance.org
https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/endometriose
Marie-Rose Galès, Endo & sexo – Avoir une sexualité épanouie avec une endométriose, éd Josette Lyon
* www.endofrance.org